Louve de la Parra AA, chic pouliche par Canturo, nous a fait une bien belle démonstration de respect de la barre tant au saut en liberté que montée. Son propriétaire et naisseur, Dominique Crozes, élève aux confins du Lot de l’Aveyron et du Cantal près de Figeac sur des terrains riches et variés. L’élevage de la Parra se situe sur 18 hectares de terrain de causse (calcaire) et de terre plus profonde sur des plaines et en bord de rivière. Un lieu où a grandi notre championne de France des femelles de trois ans de section III. Dominique nous dresse le portrait de cette féline pouliche, véritable coup de cœur de l’éleveur. « Louve de la Parra est une jument très attachante avec beaucoup de classe. Je la compare à une mannequin. Son père est Canturo. Elle a deux propres frères, Jamesbond de la Parra et Indigo de la Parra (respectivement champion de France des foals et champion de France à 2 ans).
Par rapport à ses frères elle est beaucoup plus féline et a beaucoup plus de sang, bien que ses frères en aient déjà énormément. Elle est distinguée, charmeuse, douce et attachante. Très facile à s’occuper au quotidien, elle comprend vite et elle possède beaucoup de force et de belles allures. Louve est une jument qui ne vous laisse pas indifférent, la rencontrer vous marque.
Tous mes chevaux sont préparés en douceur très professionnellement par Antoine Durand qui les débourre de façon exceptionnelle sans chercher à les mettre en haut des chandeliers. Antoine est installé dans l’Aveyron pas très loin de Rodez et son travail avec les jeunes chevaux est remarquable.
L’avenir de Louve va s’écrire chez Brice Grugeon (installé à Toulouse), cavalier de talent et surtout homme de cheval. Un vrai travail de partenariat, de confiance et de respect est établi entre nous depuis de nombreuses années et cela est un véritable plus pour mon élevage. Comme la plupart de mes chevaux elle va donc retrouver les écuries de Brice courant décembre. En effet mes poulains partent soit chez Brice soit chez Sylvie Andrieu à Nîmes qui a beaucoup de sensibilité, ce qui convient parfaitement aux anglos. »
Dominique Crozes est un habitué des finales. Depuis plusieurs années il présente des jeunes anglo-arabes avec succès et nous explique pourquoi c’est important pour lui de participer.
« J’aime beaucoup venir à Pompadour aux finales nationales car c’est un événement à retentissement national voire international et de plus celui-ci se déroule près de chez nous (j’habite seulement à 2h30 de Pompadour). Je trouve que ces journées permettent de nombreuses rencontres avec d’autres professionnels de l’élevage ainsi que des cavaliers ce qui permet une ouverture, des échanges riches et de la convivialité.
Voir la production de tel ou tel étalon avec des juments différentes en origine et en conformation permet parfois de se faire une idée sur celui qui semblerait bien s’adapter à sa jument en fonction des qualités et des défauts de chacun. L’élevage ce n’est pas 1+1=2 (fort heureusement). Cette recherche du mariage parfait est une véritable source de plaisir et de rêve.
Faire naitre un poulain d’exception ou tout simplement un poulain qui rendra heureux son futur propriétaire, le voir grandir, évoluer, l’aider à développer tous ses sens représente pour moi de vrais moments de bonheur.
Le retour à la réalité peut être souvent dur. Chez soi, dans le pré, nous pensons que nous avons le meilleur poulain, mais la confrontation sur ces journées d’élevage vous fait prendre conscience que vous avez encore beaucoup de travail à effectuer. C’est pour cela, entre autres, que ces journées sont importantes.
Malgré le démantèlement des Haras Nationaux nous avons la chance d’avoir une Association Nationale Anglo Arabe qui permet cette confrontation de l’élevage par les concours qualificatifs et le National de Pompadour. Je pense aussi que nous pouvons saluer la remarquable initiative de Génétiqu’Anglo et d’Aurélien Lafargue sans laquelle nous ne parlerions peut-être plus d’étalonnage anglo-arabe. »
Mais Dominique est réaliste sur le métier d’éleveur qu’il juge être « le parent pauvre » de la filière. « L’élevage est compliqué et l’éleveur est le parent pauvre de la filière. Être considéré comme tel n’est pas en soi un problème, mais j’estime que l’éleveur mérite un certain respect pour le travail fourni et que vendre un poulain de trois ans à 7000 ou 8000 euros cela devient indécent au vu des coûts et des investissements supportés. Je peux comprendre toutefois l’éleveur qui se séparera de son poulain à ces prix-là car nous pouvons nous retrouver rapidement avec des poulains de trois, quatre, cinq ans dans les prés. De plus j’ai l’impression que « plumer l’éleveur » est un sport national bien rentable. »
Malgré ce sentiment, la passion reste le moteur de la poursuite de son élevage qui se partage en famille. « J’ai toujours été passionné par les chevaux dès mon plus jeune âge notamment avec mon grand-père qui avait des chevaux et organisait des courses locales. Je garde en tête de très grands moments où folie et passion s’entremêlaient. »
Après avoir fait pas mal de randonnées à cheval il décide de se lancer dans l’élevage durant les années 90 nous explique-t-il.
« Ma première poulinière digne de ce titre fut une exceptionnelle jument Anglo Arabe : Coca des Vernières par Riago et Quoique par Le Corrézien achetée à 2 ans au célèbre et talentueux éleveur aveyronnais Francis Bousquet qui m’a beaucoup apporté et m’a fait découvrir les subtilités de l’élevage. Grâce à lui j’ai pu élever ma réflexion et sans son apport et ses conseils je ne pense pas que j’aurais pu prendre autant de plaisir dans l’élevage.
Coca a été mise à la reproduction dès 3 ans et m’a donné 14 poulains, tous avec d’énormes qualités sportives. Toutefois ces poulains ne pouvaient pas être mis dans les mains de n’importe qui. Tous ses poulains furent indicés mais on peut noter Talentino de la Parra champion de France à 3 ans, Lipton de la Parra exporté au Portugal pour du CSI, Jade de la Parra ICC 121 ISO 142, Inès de La Parra ISO 146. »
Dominique possède actuellement deux poulinières à l’élevage : Rokaïda de Corsac par Mokaïdo et Hooligane de Parra (exportée en Espagne) par Enny. Petit modèle, pas très bien faite, pétrie de sang. 6 produits répertoriés, tous très harmonieux, du chic, de la taille mais des chevaux à ne pas mettre entre toutes les mains « trop » de sang. Un de ses fils César de la Parra indicé 135 tourne en 140 et se classe régulièrement avec Brice Grugeon. Alizée de Tayac dite « Alice » qui vient aussi de chez Francis Bousquet (en fait de chez son cousin). « Alice représente pour moi la quintessence d’une poulinière AA. C’est le croisement de deux étalons issus de chez Francis Bousquet (imbreeding) ce que je recherchais depuis bien longtemps ». Son père est Gral des Vernières par Riago HN et Kamélina par Massondo. Mère Kamé des Vernières par Bélo des Vernières HN qui est par Riago et Quoique par Le Corrézien et Une des Vernières par Muscat et encore Kamélina.
« Kamelina est une vraie matrone. Elle a eu 14 produits biens indicés dont les étalons Belo des Vernières HN et Gral des Vernières HN, mais aussi Cid des Vernières ISO 150, Béa des Vernières ISO 153, Vif des Vernières ISO 138,….
Alice est une jument intelligente avec beaucoup de sang et de force, d’un beau modèle avec beaucoup de chic. Jument attachante avec du caractère et beaucoup de présence. A l’heure actuelle Alice nous a donné quatre produits. Trois par Canturo, Indigo de la Parra champion de France des foals et champion de France à 2 ans ; Jamesbond de la Parra un monstre de force ; Louve de la Parra championne de France à 3 ans ; Oscar de la Parra par Cartouche VH Bevrijdthof.
Tous ses produits sont très chics avec de la taille du sang et de réelles qualités sportives.
Dominique Crozes reste un inconditionnel de la race même s’il ne produit pas exclusivement en race pure.
« J’aime beaucoup l’Anglo Arabe, j’en suis même fan, ce qui ne m’empêche pas d’avoir un regard attentif sur le Selle-Français. J’aime leurs tissus, leur intelligence, leur sensibilité, leur beauté, leur envie de donner le meilleur d’eux mêmes et de se sortir de n’importe quelle situation. Avoir un anglo-arabe c’est comme posséder une Ferrari, on ne fait pas n’importe quoi avec, on n’appuie pas sur tel ou tel bouton sans réfléchir. D’autre part je suis un gars du terroir, l’anglo est de chez nous, alors il faut le faire vivre, il a tellement de qualités sportives et humaines (animales peut-être devrait-on dire ?). C’est un cheval attachant, il ne laisse personne indifférent. Je n’ai jamais été déçu par l’anglo-arabe, ils ne sont certainement pas parfaits mais ils ont quelque chose de plus.
C’est un cheval qui donne tout à la personne qui sait l’aimer et lui faire confiance. Brice Grugeon me disait « ce n’est que rarement la faute du cheval, c’est bien souvent celle du cavalier ». Je pense que beaucoup d’entre nous devrions méditer sur cette réflexion et peut-être que le monde des cavaliers prendrait conscience des qualités exceptionnelles de ce cheval avec lequel ils pourraient vivre de grands moments.
Membre actif depuis de nombreuses années dans des associations locales, pour Dominique Croze la réussite de l’élevage est une affaire collective.
« L’élevage à mon sens ne se fait pas seul. Il se construit entre autres avec les associations d’éleveurs, je pense notamment à l’Association des éleveurs du Lot qui m’a permis pendant des années de me construire et de développer mon élevage, l’association des éleveurs du Cantal depuis quelques années à laquelle j’adhère et me permet de poursuivre sereinement dans le partage, l’échange et la convivialité ; ces échanges sont indispensables à l’ouverture et la construction de son élevage. J’ai aussi la chance d’avoir à quelques kilomètres de chez moi un élevage de renom, celui de Patrick Loudières et Kirsten Blachetta (NDLR : dont vous trouverez l’interview plus loin dans l’article), fondateurs de l’élevage de la Domerguie avec lesquels nous pratiquons pas mal l’entraide. Patrick est une mine de connaissances et ses remarques me sont précieuses. D’autre part pour réussir dans l’élevage il faut un vétérinaire compétent dans le domaine de la reproduction. J’ai la chance d’avoir aussi à quelques kilomètres de chez moi une vétérinaire, Docteur Caroline Tétôt, exceptionnelle de compétences, de disponibilité et de joie de vivre. Je pense aussi que pour vous épanouir dans votre passion il faut que votre compagne ou votre compagnon puisse vous accompagner dans tous les moments de satisfactions mais aussi d’échecs et partage votre passion même si celle-ci n’est suivie que de loin.
Actuellement je produis en Anglo section III. Cependant je n’envisage ce croisement qu’avec des juments anglo-arabes. Pour moi les mères ont une importance primordiale et je veux garder toutes les qualités de cette race par la voie « mère ».